Quand la corruption ouvre les portes de l’école

Dans la province de Burunga, le recrutement des enseignants vire au scandale. Faux certificats, tricheries organisées, interventions politiques : les plus influents passent devant les plus méritants, sacrifiant l’avenir des élèves au profit d’intérêts personnels. La corruption s’invite dans nos écoles, et personne ne semble épargné.

 

D’après de nombreux témoignages, certains postulants auraient présenté de faux certificats de volontariat dans des établissements scolaires, documents qui leur octroient automatiquement un bonus de 15 points dans la notation.

 

Une « prime » inaccessible aux autres participants, créant ainsi une rupture d’égalité.

 

Des accusations plus graves encore circulent : des copies d’examen auraient été remplacées après correction grâce à l’intervention de personnalités liées au parti au pouvoir, le CNDD-FDD.

 

Les critiques se sont amplifiées lors des épreuves organisées au Lycée d’Excellence de Makamba, rapporte le journal SOS Media.

 

Plusieurs candidats affirment que la surveillance a été particulièrement laxiste. Certains auraient même consulté leur téléphone portable pour chercher des réponses en ligne, sans intervention des encadreurs.

« C’était un sabotage pur et simple. La tricherie s’est déroulée sous nos yeux », témoigne un candidat indigné.

 

Face à l’ampleur des accusations, quelques responsables scolaires commencent à reconnaître des manquements.

 

Le directeur de l’école communale de Vyuya, Anicet Niyonzima, a présenté des excuses écrites après avoir validé de faux certificats.

 

Les autorités éducatives de Makamba, de leur côté, promettent des sanctions exemplaires. Elles évoquent la possibilité d’exclusions définitives du service public pour les agents impliqués.

 

Certains cadres locaux rejettent toutefois toute responsabilité, avançant que leurs signatures et tampons auraient été falsifiés.

 

Les candidats qui se disent lésés interpellent désormais le ministère de l’Éducation.

 

Ils demandent une enquête approfondie et la radiation des fraudeurs, afin que seuls les candidats véritablement méritants puissent intégrer la profession.

« L’école est le socle de l’avenir. Si l’on commence par tricher pour y entrer, c’est toute une génération d’élèves qui est en péril », alerte un enseignant en poste.

 

Ce scandale, qui secoue l’opinion publique à Burunga et au-delà, met en lumière les défis persistants de transparence dans le recrutement des enseignants, un métier central pour l’avenir du pays.

 

Comme le souligne la CRN-Ingeri ya Rugamba, si rien ne change, l’issue sera dépourvue de crédibilité et victoire sera ce que Pierre Corneille écrivait dans sa célèbre pièce « Le Cid » (Acte II, Sc.2) : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».

 

Une mise en garde sévère sur les conséquences de la corruption pour toute une génération d’élèves.