Kirundo, 22 avril 2025 — À l’approche des élections législatives et communales prévues pour juin prochain, le climat politique se tend au Burundi. Dans ce contexte, les forces de sécurité sont appelées à faire preuve d’une stricte neutralité. Un rappel lancé ce mardi à Kirundo (nord du Burundi) lors d’une session de formation destinée aux commissaires de police du nord du pays.
Jean Marie Nshimirimana, représentant de l’association Ntabariza (qui s’occupe des droits des détenus entre autres) , a exhorté les policiers à garantir l’égalité de traitement pour tous les acteurs politiques. « Il est essentiel que la police reste neutre et protège les droits de tous les citoyens sans discrimination, surtout en période électorale », a-t-il martelé.
Le commissaire régional du nord, le général-major de police Lambert Habonimana, a renchéri : « Le bon déroulement de notre mission dépend de la compréhension commune des principes d’impartialité et de professionnalisme ».
Mais sur le terrain, plusieurs formations politiques d’opposition dressent un tableau inquiétant. Des militants sont régulièrement convoqués ou arrêtés sous prétexte de réunions non autorisées, tandis que d’autres se plaignent d’intimidations lors de leurs activités de mobilisation. À Kirundo, Ngozi ou encore Muyinga dans le nord-est, des témoins rapportent la présence constante de policiers en civil lors des réunions de l’opposition, parfois accompagnée de dispersions forcées.
« Ces pratiques créent un climat de peur. Comment espérer une compétition électorale libre si nos partisans sont traqués ? », s’interroge un responsable régional d’un parti d’opposition, qui a requis l’anonymat.
Plusieurs ONG locales de défense des droits humains alertent sur une montée des restrictions imposées à l’opposition, notamment l’interdiction tacite de meetings et des pressions sur les responsables locaux qui refusent de « collaborer » avec le parti au pouvoir.
Alors que les préparatifs électoraux s’intensifient, les regards restent rivés sur les forces de sécurité, dont l’attitude sera déterminante pour la crédibilité du scrutin. Reste à savoir si l’appel à la neutralité, réitéré à Kirundo, suffira à enrayer les dérives signalées sur le terrain.
Article du journal SOS Médias Burundi