Le feu du Kivu frôle un Burundi inquiet

À Bujumbura, la capitale économique du Burundi, la guerre qui embrase l’Est de la République démocratique du Congo se fait sentir jusque dans les collines frontalières. L’aéroport international Melchior Ndadaye, transformé en plaque tournante militaire, voit atterrir armes, munitions et renforts destinés au front congolais, tandis que les habitants vivent dans la peur quotidienne, entre détonations au loin et survol de drones, conscients que le conflit pourrait franchir la Rusizi à tout moment.

 

La tension est palpable depuis la reprise des hostilités par le M23 dans l’Est de la RDC. Cette rébellion, revenue sur le devant de la scène en 2021, s’est emparée de zones stratégiques dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.

 

En réponse, Bujumbura a mobilisé près de 10.000 soldats pour épauler l’armée congolaise et ses alliés locaux, une implication qui suscite de vives critiques à l’intérieur du pays.

 

Les habitants de quartiers frontaliers comme Rukaramu, Gatumba ou Vugizo-Warubondo vivent au rythme des détonations en provenance de l’autre rive de la Rusizi et du passage incessant de convois militaires.

 

Des témoins affirment même que des drones décollent quotidiennement de la capitale pour bombarder les positions rebelles, faisant redouter de possibles représailles.

 

L’aéroport illustre cette militarisation grandissante. Des avions cargos venus de plusieurs pays y déchargeraient armes, munitions et mercenaires destinés à renforcer les forces loyalistes en RDC, notamment dans la ville d’Uvira, menacée par l’avancée du M23.

 

Le port de Bujumbura, où accosteraient des navires chargés d’armements lourds en provenance de Kalemie, est également sous surveillance.

 

Malgré les pertes humaines enregistrées au front, le président Évariste Ndayishimiye défend l’engagement burundais, au grand dam d’une partie de la société civile qui parle de « guerre perdue d’avance ».

 

Dans les camps militaires de Gakumbu, Mudubugu ou Cibitoke-Cishemere, des unités lourdement équipées attendent l’ordre de traverser la Rusizi, symbole d’un pays de plus en plus happé par une guerre voisine qui pourrait, à tout moment, franchir ses propres frontières.