L’aventure congolaise du Burundi, une étincelle aux portes de l’incendie

Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a exhorté le Burundi à mettre un terme à son engagement militaire en République démocratique du Congo (RDC), estimant que cette implication ne fait qu’attiser une situation déjà explosive.

 

Dans un entretien accordé à la journaliste rwandaise, Scovia Mutesi, le chef de la diplomatie rwandaise a rappelé que des troupes burundaises avaient été initialement déployées en 2022 dans le cadre de la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est.

 

Mais après la décision du président congolais Félix Tshisekedi d’expulser ces contingents, accusés d’inaction face à la rébellion du M23, certains soldats burundais ont choisi de rester, se rangeant aux côtés de l’armée congolaise.

 

Depuis, le nombre de militaires burundais présents en RDC n’a cessé de croître, participant activement aux opérations conjointes avec les Forces armées de la RDC et leurs alliés, notamment les FDLR et les Wazalendo.

 

« Le problème est que ces alliances contribuent à cibler des communautés vulnérables, en particulier les Tutsi congolais et les Banyamulenge », a souligné Nduhungirehe, dénonçant une spirale de violences qui alimente l’instabilité régionale.

 

Il a par ailleurs exprimé son inquiétude face à l’utilisation de l’aéroport de Bujumbura comme point logistique pour l’acheminement d’armes et le lancement de frappes de drones contre des civils congolais.

 

« Ces choix sont comparables à de l’huile jetée sur un brasier », a-t-il averti, appelant Bujumbura à « rompre avec cette logique guerrière et à s’inscrire résolument dans une démarche de paix ».

 

Selon des observateurs, tels que la Coalition pour la Renaissance de la Nation Burundaise, CRN – Ingeri ya Rugamba, l’engagement militaire du Burundi en République démocratique du Congo s’apparente à un pari dangereux.

 

Ils estiment que cet activisme, présenté comme une démonstration de puissance, risque en réalité de se retourner contre Bujumbura.

 

Sur le terrain, expliquent-ils, les alliances conclues avec des forces congolaises fragiles et des groupes armés — parmi lesquels les FDLR, héritiers des responsables du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994 — ne garantissent aucune victoire durable.

 

Au contraire, elles exposent l’armée burundaise à des pertes humaines, à l’usure et à un discrédit croissant.

 

À long terme, préviennent ces analystes, ce sont les citoyens burundais qui porteront le fardeau de cette aventure : insécurité, pressions économiques et isolement diplomatique.

 

Le clin d’œil est limpide : il appartient à Bujumbura de choisir s’il veut être perçu comme un facteur d’apaisement ou comme un acteur de plus dans une tragédie qui saigne déjà des millions de vies.