14 hauts gradés ont déserté l’armée en deux ans, sur fond de guerre contre le M23

Les tensions au sein de la Force de Défense Nationale du Burundi (FDNB) atteignent un niveau inédit. Selon des documents officiels, quatorze officiers supérieurs, dont neuf colonels, ont déserté entre janvier 2023 et août 2025, révélant un malaise profond dans les rangs de l’armée.

 

Parmi les officiers concernés figurent le colonel Pierre Claver Nizigiyimana, le lieutenant-colonel Angelus Nindereye ou encore le lieutenant-colonel Jean Baptiste Ndayishimiye.

 

Le premier a été rayé des effectifs le 8 avril 2025, le second le 11 juin de la même année, selon les décrets présidentiels consultés.

D’autres majors, capitaines et lieutenants complètent la liste : au total, plus de trente officiers ont été radiés par décision du chef de l’État, le président Évariste Ndayishimiye, au cours de cette période.

 

La vague de désertions trouve son origine dans l’implication du Burundi aux côtés de Kinshasa contre la rébellion du M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo.

 

Dès 2023, l’envoi de troupes au Nord-Kivu a semé la crainte dans les rangs. Après plusieurs revers cuisants dans le territoire de Masisi, de nombreux soldats ont refusé de continuer le combat.

Certains ont fui, d’autres ont été arrêtés et traduits devant la justice militaire, accusés d’avoir désobéi aux ordres.

 

La spirale n’a fait que s’amplifier, touchant désormais jusqu’aux plus hauts gradés.

 

Actuellement, les troupes burundaises sont massivement déployées dans le Sud-Kivu, notamment à Uvira, ville stratégique située face à Bujumbura. Elles y opèrent aux côtés des Forces armées de la RDC, des milices locales dites Wazalendo et de combattants des FDLR.

Mais le M23, loin d’être affaibli, poursuit son expansion.

 

Le 14 septembre dernier, le mouvement affirmait avoir intégré plus de 7 400 nouveaux combattants formés à Rumangabo, dans le Rutshuru.

 

Son chef militaire, le général Sultani Makenga, a annoncé son intention de conquérir de nouvelles villes, dont Uvira et Kalemie.

 

Si le rapport de force venait à basculer une nouvelle fois en faveur du M23, les troupes burundaises pourraient se retrouver acculées, contraintes de battre en retraite ou de subir de nouvelles pertes.

 

Dans un tel scénario, les désertions parmi les officiers supérieurs risqueraient de s’intensifier, accentuant encore la fragilité d’une armée déjà éprouvée.

Pour l’heure, les autorités de Bujumbura restent silencieuses.

 

Mais derrière ce mutisme officiel, la désaffection croissante dans les rangs militaires pose une question cruciale : combien de temps l’armée burundaise pourra-t-elle maintenir sa cohésion face à un conflit qui s’enlise et à un adversaire en pleine ascension ?