Tshisekedi et le Burundi face à l’impasse du conflit à l’Est de la RDC

L’Est de la République démocratique du Congo s’enfonce dans une spirale d’incertitude où diplomatie et menaces d’offensives militaires se croisent sans jamais se rejoindre.

 

Alors que la médiation engagée par le Qatar et les États-Unis devait aboutir à la signature d’un accord de paix au plus tard le 18 août dernier, le processus a déraillé, laissant place à une montée des tensions entre les forces armées congolaises (FARDC) et la rébellion du M23.

 

Officiellement, les armes sont censées se taire.

 

Dans les faits, les accrochages se multiplient, notamment entre le M23 et les milices de la coalition Wazalendo, soutenues par Kinshasa.

 

Les populations civiles, déjà fragilisées, continuent de payer un lourd tribut, en particulier dans les provinces du Sud-Kivu, où les attaques contre la communauté banyamulenge se poursuivent.

 

Le climat délétère résulte en partie de la rupture de confiance entre les deux camps.

 

Le M23 accuse le gouvernement congolais d’avoir bafoué les engagements pris lors de la Déclaration de principes du 19 juillet, notamment la libération de 700 prisonniers promise avant l’ouverture des discussions.

 

De son côté, le président Félix Tshisekedi affiche une ligne dure.

 

Devant sa coalition au pouvoir, l’Union sacrée, il a affirmé que les Congolais n’avaient nul besoin de médiateurs étrangers et que nul ne devrait recourir aux armes pour prétendre au dialogue.

 

Cette fermeté a été immédiatement interprétée par le M23 comme une déclaration de guerre.

 

Le porte-parole du mouvement, Lawrence Kanyuka, a estimé que le chef de l’État congolais avait définitivement fermé la porte aux négociations.

 

Dans les rangs rebelles, le discours se radicalise également : leur chef militaire, Sultani Makenga, évoque désormais l’ambition d’étendre l’emprise du mouvement à d’autres grandes villes congolaises, allant jusqu’à brandir la menace d’une marche vers Kinshasa.

 

Déjà maître de vastes territoires dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, le M23 pourrait chercher à s’emparer d’Uvira, verrou stratégique au sud-est du pays.

 

Une telle avancée bouleverserait l’équilibre régional, d’autant que des troupes burundaises, engagées aux côtés des FARDC depuis 2023, y sont stationnées.

 

Or ces forces alliées ont déjà essuyé plusieurs revers, contraintes de battre en retraite face aux offensives rebelles.

 

Si Uvira tombait, la route vers Kolwezi, capitale économique du Lualaba, serait ouverte en moins de 24 heures, a mis en garde le député congolais Justin Bitakwira.

 

Dans ce contexte explosif, le Burundi se trouve dans une position délicate.

 

Ses soldats, projetés loin de leurs bases, risquent de devoir se replier vers Bujumbura en cas de nouvelle défaite. Une telle issue marquerait un affaiblissement supplémentaire du front commun voulu par Kinshasa.

 

Face à cette impasse, la communauté internationale continue de plaider pour une solution politique. Mais le président Tshisekedi reste campé sur l’option militaire, au risque de voir son armée essuyer de nouvelles pertes et perdre davantage de terrain.

 

L’histoire récente montre pourtant que chaque recul sur le champ de bataille se traduit inévitablement par une pression accrue des partenaires extérieurs pour relancer les négociations.

 

À l’heure où l’Est congolais vit une nouvelle phase de tourmente, le pays se retrouve donc au carrefour d’un choix crucial : persister dans l’escalade militaire, ou accepter, malgré les rancunes, de rouvrir la voie d’un compromis politique.