Tanzanie : inquiétudes autour du rapatriement forcé des réfugiés burundais

La tension monte dans les camps de réfugiés burundais en Tanzanie, où les autorités ont annoncé un plan de rapatriement forcé, entraînant déjà la fermeture d’écoles et des restrictions dans les lieux de culte. Les réfugiés, inquiets pour leur sécurité, appellent la communauté internationale à intervenir.

 

Le 22 septembre, lors d’une réunion avec des représentants religieux du camp de Nyarugusu, le Colonel Général Radjabu Kanani a confirmé que le plan de retour imposé était prêt.

 

« C’est un ordre : le plan de rapatriement est prêt et c’est votre dernière chance », a-t-il déclaré, excluant toute possibilité d’octroi de nationalité tanzanienne ou de réinstallation dans un pays tiers.

 

Le haut responsable a assuré que « rien n’empêchera d’accomplir ce que la loi nous autorise ».

 

Ces propos ont ravivé la mémoire des violences passées pour nombre de réfugiés burundais.

« Ils rouvrent nos plaies », a témoigné l’un d’eux, rappelant les persécutions, les attaques à la machette et les fusillades subies par le passé.

 

Craignant un retour des violences, il a exhorté la communauté internationale à agir avant « que le sang ne soit versé ».

 

Les premières mesures liées à ce plan se traduisent déjà dans les camps.

 

À Nyarugusu, les écoles secondaires et maternelles ont été fermées le 23 septembre.

 

Les enseignants et les élèves ont été renvoyés, et plusieurs établissements, comme Power to You et HOPE, ont été cadenassés.

 

Seules les écoles primaires restent encore ouvertes, mais leur fermeture est annoncée pour décembre.

 

Du côté des églises, une règle impose désormais à chaque confession de ne conserver qu’un seul lieu de culte, sous peine de sanctions.

 

La même dynamique est observée dans le camp de Nduta.

 

Le 24 septembre, toutes les écoles secondaires y ont été fermées à la suite d’une décision de l’administration locale.

 

Ces décisions contrastent fortement avec les engagements précédemment pris par le gouvernement tanzanien auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

 

À Genève, la porte-parole Olga Sarrado a rappelé que les accords tripartites stipulent que tout retour doit être volontaire.

 

En octobre 2024, elle avait insisté sur la volonté de la Tanzanie de rechercher des solutions durables et dignes pour les réfugiés burundais.

 

La question du rapatriement reste sensible.

 

En 2021, la présidente Samia Suluhu Hassan reconnaissait que si certains Burundais avaient choisi de rentrer, beaucoup revenaient aussitôt en Tanzanie, invoquant l’insécurité persistante dans leur pays d’origine.

 

Elle avait alors plaidé pour des conditions favorables à un retour pacifique et définitif.

 

Aujourd’hui, la fermeture des écoles et les restrictions religieuses font planer la menace d’un départ imposé, en contradiction avec les engagements internationaux.

 

Pour les réfugiés burundais, la crainte d’être renvoyés de force vers un avenir incertain est plus forte que jamais.