La jeunesse burundaise exhorte le président Ndayishimiye à mettre de côté les ego hérités des conflits politiques et à soutenir pleinement les initiatives sportives qui portent haut le drapeau national. Deux ans après la douloureuse disqualification de Dynamo BBC du BAL 2024 pour des raisons politiques, le pays se retrouve de nouveau à la croisée des chemins : encourager ses talents ou répéter les erreurs du passé.
En Mars 2024, le sport burundais avait connu l’un de ses plus grands revers diplomatiques : la disqualification du club Dynamo BBC des éliminatoires du Basketball Africa League (BAL) au Rwanda.
Le motif ? Le refus du gouvernement burundais d’autoriser ses joueurs à porter des maillots floqués du slogan « Visit Rwanda », une exigence imposée par l’organisation.
Une décision politique qui, au-delà du geste souverain, avait brisé les rêves de jeunes sportifs et laissé un goût amer à des milliers de supporters.
Deux ans plus tard, alors que le Burundi s’apprête à engager une nouvelle campagne qualificative pour le BAL, les inquiétudes demeurent. Les amateurs de basket se demandent si l’histoire ne risque pas de se répéter, privant encore une fois le pays d’une occasion unique de briller sur la scène africaine.
C’est dans ce climat d’incertitude qu’une lettre ouverte, adressée au président Évariste Ndayishimiye, circule.
Elle implore le chef de l’État de mettre de côté les égos et querelles politiques pour placer en priorité l’avenir de la jeunesse sportive.
Car le sport, et particulièrement le basketball, est devenu l’un des rares espaces où la jeunesse burundaise se reconnaît et s’unit.
Chaque rencontre entre Dynamo et Urunani attire des foules débordant les infrastructures, galvanise les quartiers et donne aux jeunes une vitrine d’expression et d’espoir.
Dans un pays où les opportunités économiques sont limitées, la balle orange est plus qu’un jeu : elle est une voie d’ascension sociale, une fierté nationale, un symbole d’ouverture au monde.
Le précédent de 2023 illustre cruellement le dilemme : faut-il sacrifier les rêves d’une génération au nom des rancunes héritées des conflits politiques régionaux ?
Pour beaucoup de jeunes, la réponse est claire. « Nous voulons porter le drapeau, pas les divisions », disent-ils.
En refusant l’accès à la compétition, le Burundi ne s’était pas seulement privé d’un titre potentiel ; il s’était aussi privé d’une occasion d’inspirer sa jeunesse, d’attirer des sponsors, de bâtir une image positive sur le continent.
Les exemples étrangers abondent. Du Brésil à la France, des nations se sont construites une identité internationale grâce à leurs exploits sportifs.
Pourquoi le Burundi ne ferait-il pas de même ? Avec ses talents locaux, souvent admirés par des clubs étrangers, il a les moyens de se hisser à un niveau compétitif sur le continent.
Mais sans un accompagnement politique clair et un dépassement des querelles de souveraineté mal placées, ce potentiel restera étouffé.
La lettre à Ndayishimiye rappelle donc une évidence : l’État a le devoir de soutenir ses sportifs, non de les pénaliser.
Le patriotisme ne réside pas dans les interdits, mais dans la capacité de transformer chaque occasion en victoire nationale.
Selon la Coalition pour la Renaissance de la Nation, CRN – Ingeri ya Rugamba, en levant les obstacles politiques, le Burundi pourrait faire de Dynamo — et de tout son basketball — un véritable porte-drapeau de fierté et d’unité.
À l’approche des prochaines échéances du Road to BAL, la balle est désormais dans le camp présidentiel.
Entre orgueil politique et destin sportif, c’est bien plus qu’un match qui se joue : c’est l’avenir d’une jeunesse qui rêve de voir son drapeau flotter au sommet de l’Afrique.

