Kinshasa vit ces dernières semaines au rythme d’une tension politique et sécuritaire sans précédent. Alors que le président Félix Tshisekedi affronte une crise de confiance ouverte avec une partie de son armée, le déploiement discret de troupes burundaises dans la capitale congolaise vient ajouter une dimension régionale à une situation déjà explosive.
Environ deux cents soldats venus du Burundi auraient été dépêchés à Kinshasa pour assurer la sécurité personnelle du chef de l’État congolais, une mesure qui témoigne de la profondeur du malaise au sommet de l’appareil sécuritaire congolais.
Cette décision intervient dans un contexte de purge au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Plus de soixante-dix officiers, dont une trentaine de généraux, ont été arrêtés, accusés de collusion avec l’ancien président Joseph Kabila.
Parmi eux figurent des figures de premier plan telles que le chef d’état-major, le lieutenant-général Christian Tshiwewe Songesha, et le général Franck Baumunda Ntumba, autrefois proche collaborateur de Tshisekedi.
Face à ces secousses internes, le président congolais aurait choisi de s’appuyer sur des forces étrangères pour garantir sa propre sécurité, confiant cette mission à des soldats burundais spécialement entraînés.
C’est dans ce contexte que, selon l’article publié par IGIHE, plusieurs contingents en provenance du Burundi ont été transportés début octobre vers Kinshasa à bord d’appareils de l’armée de l’air congolaise, après avoir suivi un entraînement commando dispensé par des instructeurs russes près de Mudubugu.
Mais la présence burundaise ne se limite pas aux abords du palais présidentiel.
Depuis 2023, au moins vingt-quatre bataillons du Burundi — soit environ vingt-cinq mille hommes — sont engagés sur le territoire congolais, notamment dans l’Est du pays, au Sud-Kivu.
Ces forces opèrent en appui de l’armée congolaise et aux côtés de groupes armés locaux tels que les Wazalendo et les Maï-Maï.
Certaines sources vont jusqu’à évoquer la participation de membres de la milice Imbonerakure, connue pour son allégeance au parti au pouvoir à Bujumbura.
Cette hybridation des forces militaires et paramilitaires soulève des inquiétudes croissantes, tant sur le plan des droits humains que sur celui de la souveraineté nationale congolaise.
Derrière cette coopération militaire se cache aussi une dimension économique non négligeable.
Tshisekedi aurait versé plus de deux millions de dollars au président burundais Évariste Ndayishimiye, en remerciement du soutien militaire apporté.
À cela s’ajouterait un paiement de cinq mille dollars par soldat déployé, somme directement encaissée par la présidence burundaise, tandis que les soldats concernés ne perçoivent que leur maigre solde nationale.
Ce système de rétribution opaque illustre la complexité des arrangements sécuritaires régionaux, où les alliances s’entremêlent aux intérêts financiers et politiques.
Sur le plan humanitaire, plusieurs organisations dénoncent des exactions, des pillages et des violences commises contre des civils par certaines troupes étrangères.
Parallèlement, des rapports récents indiquent que des cargaisons d’armes en provenance du Soudan et de Libye transiteraient par Bujumbura avant d’être transférées vers l’Est du Congo.
Des avions civils, appartenant notamment à Serve Air et Mont Gabaon, seraient utilisés pour transporter ce matériel, renforçant ainsi les soupçons d’un trafic organisé autour du conflit.

