Quel sort pour Ndayishimiye après l’accord Rwanda–RDC ?

La Coalition pour la Renaissance de la Nation, CRN – Ingeri ya Rugamba, observe avec une grande inquiétude la recomposition diplomatique qui se joue dans la région des Grands Lacs. La signature de l’accord de paix et de coopération économique entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, finalisé à Washington, a provoqué une onde de choc à Bujumbura.

 

Pour le président Évariste Ndayishimiye, cette initiative consacre un isolement diplomatique devenu difficile à masquer.

 

Le Burundi, qui se présentait ces derniers mois comme « allié stratégique » de Kinshasa dans la crise du Nord et du Sud-Kivu, découvre brutalement qu’il n’a même pas été considéré dans ce tournant historique.

 

Selon les analyses de la CRN – Ingeri ya Rugamba, Ndayishimiye n’avait jamais envisagé un rapprochement entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi. Au contraire, il aurait encouragé Kinshasa à maintenir une ligne dure vis-à-vis de Kigali, alimentée par une vision idéologique puisant dans de vieux réflexes de division ethnique.

 

Ses proches affirmaient haut et fort qu’aucun accord durable ne pouvait être conclu avec le Rwanda.

 

L’annonce de Washington fut donc un choc politique majeur, d’autant que Kinshasa elle-même niait toute perspective de signature jusqu’à la dernière minute.

 

L’humiliation pour Bujumbura s’est accrue lors de la cérémonie : l’accord ne cite ni le Burundi, ni la CIRGL, ni la CEPGL, des structures que Ndayishimiye prétend pourtant revitaliser.

 

Tshisekedi a remercié plusieurs partenaires internationaux, mais a soigneusement exclu le Burundi, perçu par certains conseillers congolais comme une force auxiliaire, parfois même assimilée à des « prestataires » militaires temporaires.

 

La dynamique régionale se redessine donc sans Ndayishimiye, comme le souligne fermement la CRN – Ingeri ya Rugamba.

Le discours du président burundais à Washington n’a fait qu’amplifier ce décalage.

 

Il y affirmait que le Rwanda, la RDC et le Burundi formaient déjà une communauté intégrée, oubliant qu’il est lui-même l’auteur de la fermeture de la frontière avec Kigali, acte qui a miné les fondements de la CEPGL. Même Tshisekedi, pourtant prompt aux décisions abruptes, n’avait jamais envisagé une mesure aussi extrême.

 

L’accord Rwanda–RDC devient également explosif pour Bujumbura en raison du volet sur le démantèlement des FDLR, mouvement hériter de l’idéologie Hutu Power et impliqué dans la région depuis des décennies.

 

Plusieurs rapports évoquent des convergences tactiques entre le leadership burundais et ces groupes armés.

 

La CRN – Ingeri ya Rugamba souligne que l’accord place Ndayishimiye dans une contradiction dangereuse : ses partenaires de circonstance deviennent désormais les cibles prioritaires du processus de paix.

 

Les tentatives tardives du régime pour s’inviter dans l’accord ont échoué.

 

Ndayishimiye aurait cherché à influencer les discussions via la CIRGL tout en encourageant une offensive FARDC–FDLR–Wazalendo–troupes burundaises contre le M23, opération soldée par un échec.

 

Pire encore, des tirs venus du Burundi vers Kamanyola et même en direction du Rwanda ont renforcé l’image d’un acteur cherchant à exporter la crise.

 

Pour la CRN – Ingeri ya Rugamba, le constat est clair : le Rwanda et la RDC avancent, le Burundi recule.

 

Marginalisé, fragilisé, décrédibilisé, Ndayishimiye paie aujourd’hui le prix d’une diplomatie improvisée et idéologique.

 

Comme le rappelle l’expert André Nikwigize, il avait l’occasion d’être un bâtisseur d’unité, lorsqu’il présidait l’EAC. Il a choisi la confrontation. La région avance sans lui — et il en sortira par la petite porte.